© L'air du temps

© L'air du temps
© L'air du temps
Une main gauche plutôt adroite…
 

Quand il entre au bistrot, tous les copains le récrient: «Salut Charles!» Il ne s’agit pas du prince aux grandes oreilles mais d’un balèze aux grandes mains. Ses doigts pourtant agiles paraissent gourds. Il ne s’en cache pas, le pouce gauche a passé sous la lame d’une scie électrique. Un lendemain d’hier! Alors en apprentissage, Charles vivait sa jeunesse dans l’insouciance. Ce jour-là, il aurait mieux fait de rester au lit que de se rendre à la menuiserie...
Au café situé en plein bourg médiéval de Valangin, un piano trône près du comptoir. Charles s’installe au clavier, d’autant qu’on vient de lui offrir un p’tit verre... pour enclencher la musique comme ils disent. «Maintenant, j’dois y aller, ma femme m’attend!» Mais le piano-bar reprend aussitôt, juste une dernière... Des airs d’autrefois, le répertoire de Sinatra et de Montand qui débouche sur un charleston. Sans liste établie, sans partition et sans fausse note... le bonhomme n’a jamais appris le solfège et joue d’instinct. De dos, sa grande crinière de cheveux blancs bouclés fait penser à un de ces génies du XVIIIe siècle. La patronne du café le surnomme Mozart. 
À plus de 70 ans, l’ébéniste restaure encore des meubles de style, crée des secrétaires Louis Philippe, de la marqueterie. Quand il joue du piano, il s’excuse presque: «Avec la gauche, j’arrive pas à l’octave!» (fch)

 

Photo prise à la cave à vins de Jean-Philippe Bauermeister, à Neuchâtel, rue des Moulins 21.  (photo ldd)

Retour à l'accueil
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article