L'utilité des accents
Regardez la différence!
Certains prétendent à tort qu'il ne faut pas mettre d'accents sur les lettres majuscules. C'est pourquoi, je me suis permis de diffuser la manière de composer ces lettres accentuées qui ont tout leur sens:
MACARONS AU BEURRE SALE
pour: des macarons au beurre salé
MARCHE DE NOEL
Marché de Noël
et non une marche organisée dans des monceaux de neige...
MACONNERIE POUR TOUS VOS TRAVAUX DOMESTIQUES
La maçonnerie, un métier de spécialiste qui n'a rien à voir avec...
CONFERENCE AU PALAIS DES CONGRES
Les congres (poissons) pour les congrès
Un métier pas connu ou pas reconnu?
Article paru dans le quotidien suisse « Le Temps » (dr)
Correcteur, un métier vintage
Les correcteurs passent au crible tous nos articles, naviguant entre coquilles et anglicismes. Plongez dans les coulisses de ce métier méconnu et ô combien essentiel au sein d’une rédaction.
Le correcteur est une sorte de vampire qui se repaît des négligences du rédacteur. La faute, c’est son carburant et son gagne-pain. Dans l’équipe de correction centralisée de Ringier Axel Springer – qui édite plusieurs publications dont Le Temps – nous sommes huit femmes pour un homme, mais une petite voix rétrograde m’incite à continuer au masculin générique. Si la question de l’écriture inclusive devient de plus en plus pressante, les débats qu’elle provoque sont encore houleux entre défenseurs.euses du français et précurseurs.euses d’un mode de pensée au féminin. Et personne ne semble encore prêt à entrer dans l’ère des doublons, des points médians et des barres d’exclusion. Ni les rédacteurs.trices ni les lecteurs.trices. Et encore moins les correcteurs.trices.
Le garant de la bonne tenue du journal
Si le correcteur est un être ambivalent – hésitant, de ligne en ligne, entre triomphe et frustration, rigidité et laxisme, timidité et audace – il suscite chez ses collègues journalistes ainsi que chez les lecteurs des sentiments tout aussi contradictoires, du dédain à l’admiration, de la crainte rétive à la soumission. On le prend tour à tour pour un érudit (ce qu’il n’est plus) ou pour un inutile (ce qu’il n’est pas près de devenir), un bienfaiteur ou un spécimen nuisible. Le correcteur prend des décisions radicales mais est aussi pétri de doutes, détestant qu’on lui demande à la volée: «Météorite, c’est féminin ou masculin?»
En 2020, il a toujours besoin de son Dictionnaire des difficultés, de son Robert en ligne et de son Guide du typographe. Certains mots le font tourner de l’œil comme «initier» pour «lancer», «abonder» pour «acquiescer». Mais ça fait longtemps que les disruptions et les résiliences de tout poil ne le font plus sourciller. On attend de lui la garantie de la bonne tenue du journal car une ponctuation aberrante, un participe accordé de travers, une syntaxe fantaisiste jetteront l’opprobre sur l’auteur de l’article, le créatif, celui qui lui permet d’exercer son pouvoir.
Des yeux comme les bras de Shiva
Alors, en 2020, que signifie «corriger un article»? C’est d’abord le passer au crible du * Prolexis, ce logiciel de vérification orthographique d’une efficacité imparable quand il s’agit de détecter une coquille mais carrément impuissant devant les noms propres inexacts, les confusions et les répétitions, la typographie malmenée. Ce n’est donc qu’une simple formalité. Après, vient la lecture pure et dure, à plusieurs niveaux. Du dépistage des erreurs stylistiques ou des déficiences grammaticales en passant par le fact checking, un cerveau humain est nécessaire. Et même deux, si l’on voulait vraiment un «sans-faute». Ce qui se pratique toujours pour les magazines qui sont censés intéresser le lecteur une semaine entière, et non un seul jour, avant de recueillir les épluchures de pommes de terre.
Car une seule lecture, le plus souvent dans l’urgence, ne relèvera pas toujours les pièges explosifs qui éclateront après impression à la figure du lecteur ou de la lectrice. Les yeux du correcteur devraient être démultipliés comme les bras de Shiva car la seule faute qui reste peut déclencher l’hilarité. J’ai ainsi laissé passer dernièrement «l’injection du contenant» dans un article scientifique sans l’ombre d’une contrariété, tout occupée à m’énerver du nom d’une molécule mal traduit de l’anglais.
Si l’imagerie collective lui colle une image de psychorigidité, il s’efforce pourtant au XXIe siècle de lâcher du lest face à la gloutonnerie de l’anglicisme tout-terrain qui envahit la langue, sorte d’épidémie sans contention possible. Et il a sa propre sensibilité, le français n’étant pas une science exacte. La correction, c’est un savoir-faire, un métier de réparation, comme la cordonnerie ou la plomberie. Une pratique vintage à laquelle les talents d’aujourd’hui s’abandonnent parfois comme à une bouée de sauvetage. Il faut de l’humilité et de l’empathie pour être correcteur. Et un peu d’insolence aussi.
* voir mon article sur Prolexis
Le bip sonore
Série de pléonasmes
Parlez s'il vous plaît après le bip sonore
Au jour d'aujourd'hui
Au grand maximum
Car en effet
Égalité parfaite
Hasard imprévu
Reporter à une date ultérieure
Il suffit simplement de…
Une opportunité à saisir
Réserver à l’avance
Un danger potentiel
Comme par exemple
Une dune de sable
Coopérer ensemble / Collaborer ensemble / Comparer ensemble
Une fausse perruque
Importer de l’étranger
Un hasard imprévu
Panacée universelle (Universelle panacée, Richard Anthony)
Sortir dehors (dans une chanson de Sheila)
Préférer plutôt
Prévoir d'avance
Puis ensuite
Voire même
Secousse sismique
Deux alternatives / Plusieurs alternatives
Opposer son veto (traduction latine de « je m'oppose »)
Les belles perles
Une première qui en appellera beaucoup d’autres
Quand les parents excusent leur enfant auprès du maître:
Messieurs,
Je n’est pas comprit que Gérard aille un zéro en composition d’orthographe alor qu’ici il a pas de fotes dans les dictés qu’ont lui fé fer a la maison. Veullé revoir sa copie. Remerciement.
La salle aurait dû être archicomble, elle l’était, certes, mais de vide.
À la suite d’un moment d’inattention, deux voitures sont entrées en collision.
C’est au Mont-de-Serre que naquit Gaston D***, en même temps que son jumeau.
Les pavillons comportent un rez-de-chaussée au niveau du sol.
Pour un essai, ce fut assurément un succès sans précédent.
Une répétition qui laisse particulièrement bien inaugurer du spectacle final. (augurer)
Au cirque.- L’après-midi, les enfants ont applaudi aux élucubrations des chameaux, lamas, poneys et singes.
Un rapide historique sur l’archéologie d’hier et d’aujourd’hui fut présenté par l’orateur.
D’après les témoins qui ont assisté à l’accident...
Quarante pour cent des décès sont à l’origine des maladies cardiaques. (sont la cause)
Les grévistes ont distribué des tracts expliquant les tenants et les aboutissements de leur action. (aboutissants)
Après bien des périphéries, Maria retrouva Blaise. (péripéties)
Volubile, prolifique, l’accusé s’est expliqué sans le moindre embarras. (prolixe)
Cet événement a démontré à quel point les villageois sont solidaires les uns des autres.
Mlle C***, qui habitait à côté, fut réveillée dans son sommeil.
Bêtisier en photo
Pécunier n'existe pas, tout comme pécunière. Il faut écrire pécuniaire (masc.+fém.) Et la nuit la plus longue!
Un extrême, eh oui, c'est du genre masculin
Cahot, donc cahoteux pour un chemin bosselé qui
secoue la voiture. A ne pas confondre avec le chaos
(désordre, pagaille) qui donne chaotique
Avec «sans que» on n'ajoute pas «ne»
Ça, c'est loupé, le lait va au feu
Oasis est du genre féminin
Pines de Noël fourrées (sans esse) de fautes de frappe. Une façon d'envoyer saint Nicolas aux pives...
Pain du Tessin, un produit tessinois
Archives
Dans une édition de 1914, le metteur en pages du «Journal du Jura» avait interverti l'ordre des alinéas (ici en bleu) de chacun des articles reproduits ci-dessous. Idem pour les titres.
À l’époque, les typographes manipulaient des lignes en plomb. Par accident – appelé mastic dans le jargon –, des parties de phrases étaient mélangées, au grand dam de la compréhension du texte.
Voici deux curieuses informations:
Un grand mariage
Deux mauvais garnements, les nommés Albert G. et Paul S., s'amusèrent à tourmenter hier après-midi, avenue de la Grande-Armée, le chien de M. Zénith, le constructeur si estimé, auquel ils avaient attaché une casserole à la queue et introduit des pétards dans les oreilles.
Une foule d'amis est venue leur présenter leurs compliments et leurs meilleurs vœux de bonheur, auxquels nous sommes heureux de joindre respectueusement les nôtres.
Deux crétins
Hier a été célébré en l'église paroissiale de Saint-Augustin, le mariage de M. José Hispano, l'excellent fabricant d'automobiles, avec Mlle Hélène du Pont-Mirabeau, fille de l'amiral et de madame, née Rond.
Ces deux imbéciles ont été conduits par un agent au poste de police où procès-verbal a été dressé contre eux. Souhaitons qu'on les envoie réfléchir dans une maison de correction sur la stupidité de l'acte qu'ils viennent de commettre.