art de vivre
Aujourd’hui, je range mon smartphone !

Afin d’éviter l’addiction au smartphone, j’ai pris la sage résolution de me plonger dans la presse version papier. Dans une revue pleine de bonnes idées, j’ai découvert un reportage réalisé en montagne avec des vues imprenables à visionner sur Instagram. Je verrai donc plus tard pour de plus amples informations sur mon portable. Quelques pages plus loin, c’est un article consacré à un groupe rock qui cartonne dans tous les pays. Un titre en anglais est mentionné. En tant qu’amateur de bonne musique, j’ai la possibilité d’aller l’écouter sur une vidéo hébergée sur Youtube, sur mon iPhone. Pour terminer ma lecture, c’est un article sur un randonneur pas comme les autres qui voyage sous les étoiles dès 22 heures. Il propose par un QR-code d’aller prendre des conseils pour ce genre d’aventure, seul dans la nature, dans le froid de la nuit et parfois avec des cris d’animaux inconnus qui vous font sursauter. Mais où donc ai-je rangé mon smartphone? C’est quand il est éteint que l’on se rend compte à quel point il peut nous manquer. Demain, promis je vais ressortir mon cellulaire du placard...
Depuis 2007, le smartphone a bouleversé notre façon de téléphoner, en nous permettant de:
se faire réveiller le matin en chronométrant ensuite notre performance physique, se laisser guider avec le GPS routier, utiliser une boussole, photographier, filmer, partager des photos privées sur un nuage…, jouer en ligne ou en solitaire, écouter de la musique, stocker des fichiers expédiés sur ordinateur, conserver des albums triés, consulter notre agenda privé, utiliser un dictaphone ou un bloc-notes, écouter la radio et suivre une émission télévisée, nous connecter avec la planète, acheter sur internet, calculer, communiquer par l'écrit en temps réel ou par e-mails rebaptisés courriels, d'organiser des vidéo-conférences, réussir des tests avec l'aide de Wikipédia, se faire passer pour un érudit en utilisant Google, réaliser des montages photos/films et les retoucher, télécharger des applications (apps) sans se faire escroquer, acheter des habits pour les porter un week-end et les retourner ensuite sans même les laver, se faire pirater sur Messenger. Et merde!
«N’appelle pas la police, s’il te plaît!»
Il est des fois des expressions qui ont de la peine à entrer dans l’esprit des gens. Par exemple, le mot police qui définit les caractéristiques (termes et conditions) d'un contrat d'assurance. Dans l’imprimerie, une police de caractères fixe les caractéristiques (formes, empattement) d'un groupe de caractères. Aujourd’hui (cf. année 1990), je vais vous parler de Luigi qui m’avait invité chez lui pour me présenter l’ordinateur qu’un ami venait de lui offrir. Il n’avait aucune idée de ce que c’était un clavier et l’usage qu’on pouvait faire d’un ordinateur, à l’époque où internet n’existait pas encore, c'est-à-dire à la fin des années 80. Il faut dire que ce matos lui avait été proposé par un gaillard qui se servait les soirs de pleine lune dans les rues de la ville. Des imprimantes, des claviers et des écrans jonchaient les trottoirs le mercredi soir pour le ramassage mensuel des déchets encombrants du jeudi. Je lui branche donc l’écran à la prise électrique et j’active la touche Démarrer. On attend le résultat, une éternité pour allumer cet ordi pourri. La fenêtre s’ouvre sur un bleu immaculé. Je cherche un programme dans la barre d’outils et je lui balance : « Il faut chercher une police ! »
«Faut pas appeler la police!»
Tout paniqué, il me raconte que son copain lui a fait jurer que le butin trouvé dans la rue devait rester secret. En effet, il est interdit, en tout cas en Suisse, de se servir de choses destinées à la voirie. Tout abus est considéré comme vol et la police peut s’en mêler pour vous dénoncer au ministère public.
(L’Air du temps de Francis Choffat, 1990)
Enquête de la RTS
Des jeunes ignorent encore le traitement de texte!
On pensait que la nouvelle génération était née avec un ordi dans le couffin, rien n’est plus faux selon un sondage de la RTS. Résumé de l’enquête qui découvre qu’il leur manque la pratique de la bureautique, du traitement de texte, d'un logiciel de calcul. Mettre une pièce jointe peut s'avérer compliqué", explique vendredi dans La Matinale Nadège Evans, enseignante au Centre professionnel du Nord vaudois auprès des apprentis logisticiens, une catégorie de jeunes réputés peu scolaires. "À la maison, certains ont des ordinateurs, mais pour jouer. Ils n'ont jamais ouvert le traitement de texte. Certains ne savent pas mettre du gras ou faire une majuscule", ajoute la spécialiste. Ce printemps, au moment où l'école a fermé, l'enseignante a dû recourir à WhatsApp pour communiquer.
Word, cet inconnu !
L'exemple de Paulo, apprenti à La Poste âgé de 20 ans, illustre cette problématique. Son propre ordinateur lui sert à jouer et à faire ses paiements. Ce printemps, comme une grande majorité de ses camarades, il a rédigé ses devoirs à la main. Il en faisait ensuite une photo qu'il renvoyait par voie électronique.
(Source RTS)
Un poète contemporain
Le zéro faute, le Graal pour un correcteur
Patrick Duchez habite dans la région de la Loire, Messas, une commune française située dans le Département du Loiret en région Centre-Val de Loire. Grâce à Overblog, les deux compères ont échangé leur savoir-faire, Patrick le poète a eu son hommage dans l'article de Sifranc le correcteur qui apprécie les rimes riches façon Brassens, alternées masculines/féminines).
Le correcteur suisse a proposé à l'auteur français de parler de son dernier ouvrage. Sifranc l'a corrigé gratuitement (Overblog ne permet pas la commercialisation). Patrick livre ici son avis sur ce qu'il pense de la correction en général dans l'édition.
Patrick Duchez: "Dans cet ouvrage, j’ai compilé 45 nouvelles et récits qui font voyager le lecteur comme une balle au milieu d’un flipper. Des grottes de la préhistoire aux tranchées de la Grande Guerre en passant par les pyramides Inca, c’est une grande randonnée à la rencontre de personnages pittoresques dans des situations hors du commun."
Le dessin de la couverture est l’œuvre de la dessinatrice Marie-Claire Marion.
Je dois également remercier Francis Choffat, alias Sifranc, pour l’aide apportée par son service de correction.
Ce que pense l'écrivain des fautes dans l'édition
Il est difficile pour un auteur de se relire pour traquer fautes et erreurs de frappe dans son ouvrage. L’intervention d’un correcteur est alors indispensable, c’est le deuxième œil. Bien entendu, celui-ci peut également «oublier» une faute qui sera détectée plus tard par un lecteur attentif. Mais reconnaissons que chaque lecteur devient un correcteur sans le savoir et plus ils seront nombreux et plus il y aura de chance qu’un de ceux-ci détecte l'omission du correcteur. Qui n’a jamais repéré une coquille dans un roman? Mais cela n’a jamais pour autant dénaturé l’histoire contenue dans l’ouvrage.
L’erreur est humaine. Et si vous trouvez une faute, divisez le nombre de pages du livre par le nombre de fautes trouvées et demandez-vous si vous pouvez écrire autant de pages sans aucune faute.
Pour ma part je ne peux que louer le travail de Sifranc le correcteur qui a su apporter à mon ouvrage toute la rigueur d’un excellent service de correction.
Un juge trempé dans le polar
À bâtons rompus avec Nicolas Feuz
Sifranc le correcteur a pu échanger quelques propos avec l'écrivain Nicolas Feuz au détour d'une rue passante de Neuchâtel grâce à un message sur Facebook qui les a fait connaître. L'auteur de romans policiers à succès, par ailleurs juge d'instruction cantonal puis procureur, a tout simplement été ouvert au dialogue. Doué d'une imagination sans bornes, il enchaîne les intrigues policières façon Lucky Luke qui titre plus vite que son éditeur…
Nicolas Feuz lors d'une séance de dédicaces
Bien que son style ne soit pas littéraire, l'écrivain soigne son orthographe en la confiant à plusieurs correcteurs. Selon Nicolas Feuz, respectueux envers la profession, un seul correcteur ne peut pas livrer un travail à 100%. Il a confié le travail à neuf reliseurs qui se sont mis au chevet d'Horrora borealis. Un critique littéraire lui a fait remarquer qu'on ne trouvait aucune erreur dans ce polar. En nous faisant un petit coup d'œil complice, on gardera le secret…
De très bons livres sortis des meilleures maisons d'édition comportent des inepties et cela conforte Sifranc le correcteur qui en 35 ans de carrière a vu passer des rectificatifs au lendemain d'une édition. Souvent, les lecteurs – qui n'auraient rien vu – se gaussent de la coquille révélée au grand jour par le journaliste qui la publie en guise d’excuse. Un métier ingrat.
NB. Les correctrices et correcteurs engagés ont tous retrouvé des fautes en se repassant les copies. Pour rester concentrée, une personne de ce groupe pratique la lecture de bas en haut afin d'éviter la distraction quand le sujet prend toute la tête par l'attrait de l'action.
Hommage aux poètes disparus
Comment reconnaître la bonne versification
Deux orfèvres en la matière: Georges Brassens et Charles Aznavour
Une rime féminine est une rime qui termine par un E muet,
exemple: « rôle » « drôle » « incendie ».
NB. Sont considérées comme rimes féminines celles se terminant par «E», «ES»
et «ENT» (verbe conjugué à la 3e personne du pluriel)
Une rime masculine est une rime qui ne termine pas par un e muet,
exemple: « virilité » « rumeur » « humeur »
Rien à voir avec le genre féminin ou masculin !
Disposition des rimes alternées:
Rimes plates : AA BB CC
NB. Les rimes plates ne sont à utiliser que dans les poèmes d'un seul tenant. Elles sont proscrites dans les quatrains.
Rimes croisées : ABAB CDCD
Rimes embrassées : ABBA CDDC
Rimes redoublées (reprises au moins trois fois) : AAAB ...
Donc, en rimes croisées, une rime masculine doit toujours être suivie par une rime féminine et vice versa…. Exemple plus bas avec Brassens
La chasse aux papillons
Rimes alternées F/M (du début à la fin !!!)
Un bon petit diable à la fleur de l'âge F
La jambe légère et l'œil polisson M
Et la bouche pleine de joyeux ramages F
Allait à la chasse aux papillons M
Comme il atteignait l'orée du village F
Filant sa quenouille, il vit Cendrillon M
Il lui dit : "Bonjour, que Dieu te ménage F
J't'emmène à la chasse aux papillons" M etc.
Cendrillon ravie de quitter sa cage
Met sa robe neuve et ses bottillons
Et bras d'ssus bras d'ssous vers les frais bocages
Ils vont à la chasse aux papillons
Il ne savait pas que sous les ombrages
Se cachait l'amour et son aiguillon
Et qu'il transperçait les cœurs de leur âge
Les cœurs des chasseurs de papillons
Quand il se fit tendre, elle lui dit : "J'présage
Qu'c'est pas dans les plis de mon cotillon
Ni dans l'échancrure de mon corsage
Qu'on va à la chasse aux papillons"
Sur sa bouche en feu qui criait : "Sois sage !"
Il posa sa bouche en guise de bâillon
Et c'fut l'plus charmant des remue-ménage
Qu'on ait vu d'mémoir' de papillon
Un volcan dans l'âme, ils r'vinrent au village
En se promettant d'aller des millions
Des milliards de fois, et mêm' davantage
Ensemble à la chasse aux papillons
Mais tant qu'ils s'aim'ront, tant que les nuages
Porteurs de chagrins, les épargneront
Il f'ra bon voler dans les frais bocages
Ils f'ront pas la chasse aux papillons
Voir aussi: Le Gorille, Brave Margot, Le Testament....
En rimes plates ou suivies c’est pareil mais par paire de rimes, deux rimes féminines seront suivies de deux rimes masculines et vice et versa.
Rimes mêlées avec Aznavour (en jaune les féminines)
La Bohème
Je vous parle d'un temps
Que les moins de vingt ans
Ne peuvent pas connaître.
Montmartre en ce temps-là
Accrochait ces lilas
Jusque sous nos fenêtres
Et si l'humble garni
Qui nous servait de nid
Ne payait pas de mine,
C'est là qu'on s'est connus
Moi qui criais famine
Et toi qui posais nue
Refrain 1
La bohème, la bohème, ça voulait dire, on est heureux
La bohème, la bohème, nous ne mangions qu'un jour sur deux.
Dans les cafés voisins,
Nous étions quelques-uns
Qui attendions la gloire.
Et bien que miséreux,
Avec le ventre creux,
Nous ne cessions d'y croire
Et quand quelque bistro
Contre un bon repas chaud
Nous prenait une toile,
Nous récitions des vers
Groupés autour du poêle
En oubliant l'hiver
Refrain 2
La bohème, la bohème, ça voulait dire tu es jolie
La bohème, la bohème. Et nous avions tous du génie.
Souvent il m'arrivait
Devant mon chevalet
De passer des nuits blanches,
Retouchant le dessin
De la ligne d'un sein,
Du galbe d'une hanche.
Et ce n'est qu'au matin
Qu'on s'asseyait enfin
Devant un café-crème,
Épuisés, mais ravis.
Fallait-il que l'on s'aime
Et qu'on aime la vie !
Refrain 3
La bohème, la bohème, ça voulait dire « on a vingt ans »
La bohème, la bohème. Et nous vivions de l'air du temps
Quand au hasard des jours,
Je m'en vais faire un tour
À mon ancienne adresse,
Je ne reconnais plus
Ni les murs, ni les rues
Qui ont vu ma jeunesse.
En haut d'un escalier,
Je cherche l'atelier
Dont plus rien ne subsiste.
Dans son nouveau décor,
Montmartre semble triste
Et les lilas sont morts
Refrain 4
La bohème, la bohème, on était jeunes, on était fous.
La bohème, la bohème, ça ne veut plus rien dire du tout.
Remarque: Refrain 1 et Refrain 2 avec alternance de rimes M/F, puis retour en M pour derniers refrains.
Les adieux à nos poètes
Les derniers vers
Des vacances éternelles sur un lopin cinq-étoiles
En analysant les paroles de certaines chansons, on s’aperçoit que seule la musique les a sauvées. Dans Notre-Dame de Paris, quand «Belle» danse et qu’elle met son corps à jour (au lieu de: au jour), Victor Hugo doit se retourner dans sa tombe ! Dans l’autre comédie musicale Les Dix Commandements, un titre est même empreint d’une faute capitale: «La peine maximum»…
Dans sa chanson «Qui a le droit», Patrick Bruel ne joue qu’avec des mots creux pour des gamines en crise d’identité, atteintes d’incontinence émotive. Fuyant cette faiblesse de fond, on se rassure à l’écoute de «La Bohème» d’Aznavour, en récitant des vers, groupés autour du poêle, en oubliant l’hiver et… les mauvais paroliers.
En relisant la «Supplique pour être enterré à la plage de Sète», je médite sur la mort. J’imagine, comme Brassens, une ondine avec moins que rien de costume qui, prenant ma butte en guise d’oreiller, viendrait gentiment sommeiller. «J’en demande pardon par avance à Jésus, si l’ombre de ma croix s’y couche un peu dessus, pour un petit bonheur posthume.» Finir bouffé par des vers pareils, c’est le pied !
Attention la mousse tache!
«Donner sa langue au chat»
signifie:
ne pas savoir, demander la solution; s'avouer incapable de deviner.
Exemple de dialogue:
Que signifie gamahucher? - J'sais pas!, j'donne ma langue au chat...
On sait que Georges Brassens aimait les femmes et les chats.
Il les a mis en chansons (photo dr)
Le testament
Qu'il boive mon vin, qu'il aime ma femme
Qu'il fume ma pipe et mon tabac
Mais que jamais - mort de mon âme
Jamais il ne fouette mes chats
Quoique je n'aie pas un atome
Une ombre de méchanceté
S'il fouette mes chats, y a un fantôme
Qui viendra le persécuter
Brave Margot
Margonton la jeune bergère
Trouvant dans l'herbe un petit chat
Qui venait de perdre sa mère l’adopta
Elle entrouvre sa collerette
Et le couche contre son sein
C'était tout ce quelle avait pauvrette
Comme coussin
Le chat la prenant pour sa mère
Se mit à téter tout de go
Emue, Margot le laissa faire
Brave Margot
Un croquant passant à la ronde
Trouvant le tableau peu commun
S'en alla le dire à tout le monde
Et le lendemain
Refrain
Quand Margot dégrafait son corsage
Pour donner la gougoutte à son chat
Tous les gars, tous les gars du village
Etaient là, la la la la la la
Et Margot qu'était simple et très sage
Présumait que c'était pour voir son chat
Que tous les gars, tous les gars du village
Etaient là, la la la la la la
Hommage au Grand Georges
Rêvons aux temps révolus où le Tout-Paris faisait rimer justice avec police. En délicatesse, avec la maîtrise de la versification, même si elle écorchait l'Académie et les intellos bien-pensants. Le moustachu, anar sur les bords de la saine pensée parisienne, hante encore la génération des Bofs. Des années après la mort de Brassens (le 29 octobre 1981), les âmes réfléchissantes à catadioptre rétroactif sans piles veulent revendiquer son héritage: l'amour de la langue et l'anticonformisme qui nique comme il plagie le saint gorille. Même le gang hip hop et les rappeurs s'en inspirent. Des jeunes qui n'ont jamais ouvert un livre de poésie collectent dans leur capuchon et leurs culottes taille basse des vers de Brassens. Ils découvrent les mots qui collent à leur révolte mais qu'ils n'ont pas su inventer. Ils se les approprient: Putain de toi, Gare au jaguar et la Mauvaise réputation. Les textes de Brassens ont l'art de tout dire en peu de mots. On peut les déclamer, les faire sortir d'une bouche de métro et paraître savant, même avec une casquette à l'envers. Il suffit d'avoir une bonne mémoire pour ne pas devoir les lire. En s'appropriant le vert langage du poète, on pourrait même aller jusqu'à parler de cul en ayant une bonne verve... © Sifranc le correcteur
http://www.analysebrassens.com/
Moments inoubliables
«Mon pied droit est jaloux de mon pied gauche. Quand l'un avance…
… l'autre veut le dépasser. Et moi, comme un imbécile, je marche!»
Raymond Devos
photos dr